Par Ludovic Galtier Lloret Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" - "Oh-ohohohoh" - et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
Arnaud Lagardère : 'Si mon nom disparaît au profit de Vincent Bolloré, j'en serai heureux' © Abaca
Le géant français des médias Vivendi a annoncé, ce mardi 21 novembre 2023, la finalisation de son rapprochement avec son rival Lagardère, dont il détient "environ 60%" du capital et "peut dès-à-présent pleinement exercer un peu plus de 50% des droits de vote", selon un communiqué.

Jour (officiel) de noces entre Vivendi et Lagardère. Le groupe de la famille Bolloré, auquel appartient Canal+, Havas et Prisma Media, a annoncé, ce mardi 21 novembre 2023, mettre "pleinement" la main sur son rival Lagardère, dont il détient désormais 57,95% du capital et 50,50% de droits de vote. Par conséquent, plusieurs médias nationaux – tels que le "Journal du dimanche", "Paris Match" et Europe 1 – passent officiellement sous sa coupe ce mardi, en dépit des synergies déjà visibles.

Yannick Bolloré au CA du groupe Lagardère dans les prochains jours

"C'est le plus grand changement de dimension pour notre groupe depuis une dizaine d'années. Vivendi devient un leader mondial de la communication, des médias et du divertissement", se réjouit Yannick Bolloré auprès du "Figaro", aux premières loges de la photo de famille. Selon un communiqué, le président du conseil de surveillance de Vivendi remplacera dans les prochains jours René Ricol au conseil d'administration du groupe Lagardère, où siègent l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, le président du conseil du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, ou encore l'administratrice Virginie Banet.

Au total, Vivendi passe de 38.000 salariés à "environ 66.000 salariés présents sur tous les continents", et son chiffre d'affaires progresserait, sur une base comparable à celle de 2022, de 72%, pour s'élever à 16,5 milliards d'euros. Il obtient également un réseau de distribution dans les gares et aéroports (boutiques Relay, magasins Duty Free).

"Lagardère restera une filiale indépendante et autonome", promet ce mardi le nouvel État-major dans "Le Figaro". Les deux sièges ont vocation, pour l'heure, à rester distincts. Vivendi a par ailleurs repoussé de dix-huit mois, ce lundi 20 novembre, la date limite pour acquérir jusqu'à environ 22% du capital supplémentaire de Lagardère, par le biais d'un mécanisme de droits de cession initié lors de son OPA sur le groupe en 2022.

Deux cessions imposées et une enquête

Résultat d'un bras de fer de plusieurs années avec l'Autorité de la concurrence, ce rapprochement a été rendu possible à la suite de la finalisation des deux cessions auxquelles Vivendi s'est engagé auprès de la Commission européenne. Le groupe, qui vient d'acquérir Hachette Livres, a ainsi cédé, le mardi 14 novembre, 100% du capital d'Éditis à International Media Invest (IMI) du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et, ce mardi, le magazine "Gala", longtemps dans l'escarcelle du groupe Prisma Media, au groupe Figaro.

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Si le mariage est scellé avec Lagardère, Vivendi reste sous le coup d'une enquête formelle, menée par la Commission européenne, au sujet d'une éventuelle prise de contrôle anticipée de Lagardère en infraction aux règles de l'UE. Une infraction qui, si elle était confirmée, ne remettrait pas en cause l'acquisition, mais pourrait lui coûter jusqu'à 10 % de son chiffre d'affaires total.