Par Tom Kerkour Journaliste
Ayant grandi à l'heure où YouTube empiète sur le petit écran, Tom Kerkour savoure autant un épisode de "Cauchemar en cuisine" que du Joueur du Grenier. Captivé par le bouleversement des médias à l'ère digitale/numérique, il intègre la rédaction de Puremédias en décembre 2022.
France Télévisions présente son nouveau journal de la météo et du climat © Abaca
Les chaînes privées déplorent que le service publique profite d'"asymétries juridiques qui lui sont favorables".

Tout est une question de timing. Alors que France Télévisions négocie en ce moment même son nouveau contrat d'objectifs et de moyens avec l'État, est visé par une mission d'information de la chambre basse et intéresse le Sénat, les chaînes privées abattent leurs cartes. Comme l'a révélé "Le Figaro", l'Association des chaînes privées (ACP) qui regroupe TF1, M6, Canal+ et les chaînes d'Altice, vient d'adresser un courrier à la première ministre Élisabeth Borne. Objectif : Dénoncer la position favorable du groupe de Delphine Ernotte qui, selon eux, jouis d'avantages qui leur portent préjudice. Une vieille rengaine.

"Force est de constater que le service public jouit, depuis plusieurs années, d'avantages compétitifs - importants par rapport aux groupes privés - qui interrogent sur la clarté de ses missions et de son financement", posent les acteurs de la télévision privée. Ils notent des "asymétries juridiques" qui permettraient à France 2 et France 3 de prendre l'avantage. Notamment, ils déplorent devoir établir auprès de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) des conventions uniques à chaque chaîne, alors que France Télévisions voit son cahier des charges établi par décret, fixant des obligations à hauteur du groupe.

France 2 dans le viseur

Alors que l'écart entre TF1 et France 2 ne cesse de se resserrer, trois points en avril et seulement deux en février, le vaisseau amiral du service public essuie des tirs. Grâce à son conventionnement taillé au niveau du groupe, la Deux développerait une "programmation étonnamment commerciale" tout en reléguant la diffusion "des oeuvres et programmes relevant de ses missions de service public" à des plus petites chaînes, ou à la plateforme France.tv. Sur ce point, les chaînes privées s'accordent avec l'Arcom, qui, dans son dernier bilan sur l'exécution du cahier des charges du groupe, pointait ces mêmes défauts. Trop de fiction policière, de cinéma américain et pas assez de spectacle vivant sur les deux antennes principales.

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Pour faire simple, les chaînes estiment être de plus en plus en compétition avec un acteur qui ne joue pas selon les mêmes règles. Si, selon "Le Figaro", elles ne veulent pas affaiblir France Télévisions, elles veulent au moins que le groupe de Delphine Ernotte se "recentre" sur sa mission de service public. Même si elles pointent également des écueils du côté de la publicité, accusant encore leur rivale d'entourloupe.

Ce sont finalement trois choses que l'ACP demande au gouvernement. La mise en place "d'obligations de service public plus précises, assorties d'indicateurs chiffrés, chaîne par chaîne", une "clarification" de la position de France Télévisions "sur les genres populaires comme le sport, la fiction et le cinéma américain" et freiner la dynamique publicitaire du groupe. Sans quoi, le business des chaînes continuerait à se détériorer, et leurs audiences seraient lentement happées par France 2. Question timing, TF1 vient justement de signer la meilleure audience de l'année avec "HPI".