Par Ludovic Galtier Lloret Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" - "Oh-ohohohoh" - et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
L'Arcom dispose d'un délai de six mois, à compter de ce 13 février 2024, pour "réexaminer le respect par la chaîne CNews de ses obligations en matière de pluralisme et d'indépendance de l'information".

Vigilance renforcée. Le Conseil d'État a exigé, ce mardi 13 février 2024, de l'Arcom (ex-CSA), le régulateur des médias, qu'elle renforce son contrôle sur CNews, propriété du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, à la suite d'un recours de l'ONG Reporters sans frontières formulé en avril 2022.

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Chroniqueurs, animateurs et invités passés au crible

Ainsi, la plus haute juridiction administrative du pays "enjoint à l'Arcom de réexaminer dans un délai de six mois le respect par la chaîne CNews de ses obligations en matière de pluralisme et d'indépendance de l'information", selon un communiqué.

Cette injonction s'accompagne d'un changement de paradigme. La plus haute juridiction administrative du pays considère en effet que "pour apprécier le respect par une chaîne de télévision, quelle qu'elle soit, du pluralisme de l'information, l'Arcom doit prendre en compte la diversité des courants de pensée et d'opinions représentés par l'ensemble des participants aux programmes diffusés, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités, et pas uniquement le temps d'intervention des personnalités politiques".

Et concernant l'indépendance de l'information, celle-ci ne doit pas seulement s'apprécier "au regard d'extraits d'une émission spécifique mais aussi à l'échelle de l'ensemble des conditions de fonctionnement de la chaîne et des caractéristiques de sa programmation", a ajouté le Conseil d'État."

Une décision historique" pour "la démocratie et le journalisme"

Reporters sans frontières (RSF) considère que CNews "n'est plus une chaîne d'information, mais est devenue un média d'opinion". Sur ce point, le Conseil d'État a "écarté l'argumentation de Reporters sans frontières. Il a considéré que la place des émissions de débat dans la programmation de CNews ne remet pas en question son format de service consacré à l'information".

Le secrétaire général de l'ONG, Christophe Deloire, a salué une "décision historique du Conseil d'État" pour "la démocratie et le journalisme". Julia Cagé, enseignante-chercheuse et économiste française, voit dans cette décision "une raison d'être optimiste dans notre combat pour l'indépendance des médias". Cela "va certainement changer la donne, en amenant le régulateur de l'audiovisuel à être enfin à la hauteur des enjeux", abonde dans son sens Christophe Deloire.

Par le passé, l'Arcom, qui a annoncé qu'elle se plierait à la décision du Conseil d'État, a déjà mis en demeure CNews à plusieurs reprises sur des séquences diffusées, notamment quant au respect du pluralisme politique. RSF demandait au régulateur d'aller plus loin et de garantir "un contrôle effectif", au-delà de l'équilibre des temps de parole des invités politiques. Revendication entendue.

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