Par Ludovic Galtier Lloret Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" - "Oh-ohohohoh" - et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
À l'aube de la diffusion de la première de cette émission de télé-réalité, ce vendredi 12 janvier 2023 à 21h10 sur C8, "Libération" publie une enquête sur les deux communautés catholiques qui encadrent le programme.

Quand religion rime avec business. C8 lance, ce vendredi 12 janvier 2023 en prime time, "Bienvenue au monastère", nouvelle émission de télé-réalité présentée par Alessandra Martines, visage de CNews, dans laquelle six personnalités – Delphine Wespiser, Paul El Kharrat, Jean-Marc Généreux, Fabienne Carrat, Clara Morgane et Simon Castaldi – se sont retirées du monde dans le silence d'un monastère pendant sept jours mais sous l'oeil des caméras pour "ouvrir une porte vers la spiritualité", résume, ce vendredi, Chantal Barry, productrice du programme dans les colonnes de "Libération".

La congrégation de Saint-Jean au coeur d'un scandale sexuel

Ce que ne dit pas, en revanche, celle qui est dépeinte comme "une amie de quarante ans" de Vincent Bolloré, révèle le quotidien, c'est que le couvent de Corbara, en Corse, qui a accueilli l'émission, abrite habituellement un religieux qui a été condamné en janvier 2023 par le tribunal ecclésiastique de Paris pour des agressions sexuelles commises à l'encontre de deux femmes qu'il accompagnait spirituellement entre 2010 et 2014. Celui-ci, précise néanmoins "Libération", n'apparaît pas à l'écran.

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La productrice Chantal Barry, ancienne directrice d'Euro Media Group aujourd'hui à la tête de Ze-Watchers –dont la vocation est de répandre la parole de l'Évangile dans les médias français – nie avoir été informée de l'affaire qui a été jugée deux mois avant le début du tournage, en mars 2023.

Quand "Libération" lui signale que la congrégation Saint-Jean, dont se revendique le frère Baudouin Ardiller, qui entoure les célébrités participant au programme, a recensé, au cours de son histoire vieille à peine de 50 ans, une quarantaine de prédateurs sexuels, Chantal Barry se replie sur son projet initial : "Le projet de l'émission n'est pas de mettre en avant une institution. Mais une proposition spirituelle", oppose-t-elle. "On nous accuse souvent d'être dans le déni. On est loin d'être dans le déni. Je suis fier de ce que ma communauté a engagé sur cette question (des dérives, ndlr)", assume le frère Baudouin Ardiller.

Si le nom de la congrégation Saint-Jean, par ailleurs auteure comme la communauté des Béatitudes de dérives sectaires, a été quasi-systématiquement gommé à l'écran, selon "Libération", qui a pu visionner les deux premiers des six épisodes du programme, une des victimes d'une religieuse et d'un religieux de Saint-Jean, retrouvée par le quotidien, enrage : "Comment peut-on faire de la publicité pour une communauté qui a connu de telles déviances ? Comment Saint-Jean ne se pose pas la question", s'interroge-t-elle. "C'est une preuve que, pour eux, il n'y a pas de problème." En cas de saison 2 de l'émission, adaptée du format néerlandais "In Search of God", Chantal Barry se rabattra à coup sûr sur un autre lieu de tournage.