Par Ludovic Galtier Lloret Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" - "Oh-ohohohoh" - et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
Paloma Moritz, journaliste spécialisée environnement chez "Blast", a énuméré les carences de la station bleue en la matière.

Paloma Moritz ne mâche pas ses mots. Invitée de "Culture médias" ce lundi 11 septembre 2023 sur Europe 1 pour donner son point de vue sur le traitement médiatique du dérèglement climatique, la journaliste spécialisée de ces questions chez "Blast" a vertement critiqué la ligne éditoriale de la station – passée récemment sous pavillon Bolloré – sur cette question. "On voit bien qu'il y a encore plein de réticences. Je ne suis pas forcément très à l'aise d'en parler aujourd'hui sur Europe 1 parce qu'Europe 1 n'est, pour moi, pas du tout un média qui est à la hauteur sur ces questions", s'est-elle désolée au micro de Thomas Isle.

"Il n'y a plus de chronique environnement depuis 2021" sur Europe 1

La journaliste reproche notamment à la station l'absence d'espace dédié au dérèglement climatique sur son site internet. "J'ai regardé votre site internet. Vous n'avez même pas de rubrique 'Planète' ou 'Écologie' ou 'Environnement'. Il n'y a plus de chronique environnement depuis 2021 et il n'y a pas d'émission spécifique comme il peut y en avoir sur d'autres radios. Ça, en fait, c'est grave en 2023. Je pense qu'il y a énormément de gens qui ont peur de ce qui est en train de se passer et qui ont besoin de comprendre", a-t-elle estimé.

Sur X, un peu plus tard dans la journée, Paloma Moritz a accompagné ses critiques d'une précision. "PS : je sais que certains journalistes font ce qu'ils peuvent pour mettre ces sujets à l'antenne et se former mais la ligne éditoriale n'est pas du tout en accord avec l'urgence de la situation et favorise les polémiques et caricatures sur celles et ceux qui défendent le vivant", a-t-elle écrit.

Une proposition de loi en préparation

De façon plus générale, Paloma Moritz a salué le fait que les médias "parlent de plus en plus" et de "moins en moins mal" du dérèglement climatique. Avant toutefois d'émettre un bémol. "Cela m'arrive encore, quand je suis sur des plateaux télé, que l'on me demande si c'est vraiment sûr que le dérèglement climatique est d'origine humaine. Je rappelle ici que les experts scientifiques du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) disent que l'on est sûrs à 100%". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.

C'est précisément pour contrer la montée du climato-scepticisme que des députés de toute obédience – à l'exception des Républicains et du Rassemblement national – préparent, pour la fin de l'année, une proposition de loi relative au traitement médiatique des enjeux environnementaux. À cet effet, l'Arcom pourrait être dotée de nouvelles prérogatives.

La journaliste a conclu son propos en appelant ses confrères à dépasser le "stade du constat" et à se fier à la "Charte pour un journalisme à la hauteur de l'urgence écologique". Les journalistes y sont incités à "traiter le climat, le vivant et la justice sociale de manière transversale", l'écologie ne devant "plus être cantonnée à une simple rubrique" mais "devenir un prisme au travers duquel considérer l'ensemble des sujets".

Publié le 14 septembre 2022, ce document, rédigé par un collectif de journalistes, "a été signé par 1.500 journalistes et des dizaines de rédaction", dont "20 Minutes", RFI, France 24, "Reporterre", le média indépendant en ligne "Vert", "Médiapart", "Socialter" ou encore "Nowu".