Par Tom Kerkour Journaliste
Ayant grandi à l'heure où YouTube empiète sur le petit écran, Tom Kerkour savoure autant un épisode de "Cauchemar en cuisine" que du Joueur du Grenier. Captivé par le bouleversement des médias à l'ère digitale/numérique, il intègre la rédaction de Puremédias en décembre 2022.
TF1 évoque son nouveau conflit avec Canal+ © Abaca
Le PDG du groupe Canal+ a déploré que la ministre n'ait pas cité le rôle de Canal+ dans le financement des films français.

Nouvelles tensions entre Canal+ et la ministre de la Culture. Alors que Rima Abdul Malak était reçue mardi 30 mai sur le plateau de "Quotidien", elle s'est livrée sur son tweet polémique accompagnant la palme d'or de Justine Triet au Festival de Cannes. Elle avait dénoncé le commentaire de la réalisatrice "ingrat" et "injuste" en soulignant l'importance des fonds accordés par l'État - à travers le CNC, financé indépendamment du ministère - dans le financement du cinéma français. Une pensée qu'elle a pu préciser face à Yann Barthès.

Le problème est que, lorsque la ministre parle du modèle de financement de "l'exception culturelle", elle ne mentionne que le volet public et oublie les fonds privés. Un oubli que le groupe Canal+, premier investisseur privé dans le cinéma français, vit mal. C'est sur Twitter que le PDG du groupe, Maxime Saada, a entrepris de répondre à la locataire de la rue de Valois. "Madame la Ministre, Lorsque vous citez dans cette interview le film de Jeanne Herry 'Je verrai toujours vos visages', que nous aimons passionnément et dont le grand succès nous réjouit, c'est vous qui faites preuve de malhonnêteté intellectuelle", a dénoncé Maxime Saada.

"Souligner le rôle clé des acteurs de l'audiovisuel français"

"Ce film, comme le film de Justine Triet, comme la majeure partie des films français et européens sortis en salles, a été essentiellement financé par Canal+ (et Studiocanal) dont vous 'oubliez' systématiquement le rôle déterminant", a rappelé le dirigeant. En moyenne, le groupe alloue 200 millions d'euros par an au cinéma et s'est dit prêt à investir un milliard pour soutenir l'exception culturelle. Le patron de Canal+ a déploré que Rima Abdul Malak n'ait pas souligné "le rôle clé des acteurs de l'audiovisuel français", comme TF1 ou M6, qui sont également parmi les plus gros contributeurs.

Si la membre de l'exécutif n'a pas placé un mot sur les acteurs français, elle a bien insisté sur l'action des pouvoirs publics pour contraindre les plateformes américaines de passer à la caisse. "Les plateformes qui monopolisent votre attention et vos discours n'ont contribué en rien au financement de ce film. Et pour cause : les plateformes (...) consacrent la quasi-totalité de leurs 20% d'obligations au financement de séries et non de films, comme votre ministère leur en a donné la possibilité. Aucune n'a souhaité signer un accord avec les organisations du cinéma français, à l'exception notable de Netflix", a mis en avant Maxime Saada. Un message qui fait écho, en creux, au refus de Disney+ d'intégrer l'accord sur la chronologie des médias.

Les relations entre la ministre Rima Abdul Malak et Canal+ ne sont pas au beau fixe depuis déjà plusieurs mois. Les prises de parole répétées de la femme politique à l'encontre des chaînes C8 et CNews, deux filiales de Canal+. Elle a laissé planer en février la menace d'un retrait des autorisations de diffusion sur la TNT des deux chaînes. Des déclarations au micro de France Inter qui avaient déclenché une réponse violente de la filiale de Vivendi. Par ailleurs, Cyril Hanouna a applaudi la prise de position de son directeur.