Par Ludovic Galtier Lloret Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" - "Oh-ohohohoh" - et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
Une tribune, rédigée par un collectif emmené par l'association MetooMédias et publiée dans "Le Monde" ce mercredi 27 décembre 2023, critique les mots d'Emmanuel Macron selon lesquels Gérard Depardieu "rend fière la France".

Une tribune en chasse une autre. Le journal "Le Monde" a publié, ce mercredi 27 décembre 2023, un texte, signé d'un collectif mais rédigé à l'initiative de l'association MetooMédias, qui répond aux propos sur Gérard Depardieu tenus une semaine plus tôt par Emmanuel Macron. D'entrée de jeu, la centaine de signataires, parmi lesquels plusieurs journalistes à l'image de Fanny Agostini, interpellent le président de la République.

"Depardieu n'a pas besoin de votre soutien présidentiel"

"Vous avez souhaité faire de votre double quinquennat celui de la lutte contre les violences faites aux femmes (...) Il s'agit d'une posture politique, rien de plus. Des mots vides de sens pour toutes les victimes, et pour toutes les personnes engagées dans cette lutte", écrivent-ils. "Vos propos dans l'émission 'C à vous', le 20 décembre, témoignent de votre désintérêt pour la cause et d'une totale ignorance du champ des violences sexistes et sexuelles", pointent-ils encore.

Le chef de l'État, interrogé à sa demande, selon "Le Monde", sur cette affaire par l'équipe de "C à vous", avait estimé, en effet, que Gérard Depardieu "rend fière la France", en dépit des deux plaintes pour viols, dont une non-prescrite, et de la plainte pour violences sexuelles – pour lesquelles il est mis en examen depuis 2020 – et ses propos obscènes diffusés dans "Complément d'enquête" sur France 2 le 7 décembre 2023. "Cinq mots qui nous engagent tous contre notre gré et signent une impunité française, celle d'une idole, d'un monstre sacré auquel on pardonne tout. Depardieu n'a pas besoin de votre soutien présidentiel", le sermonnent les auteurs du texte.

"Les victimes, en revanche, auraient mérité que leur courage soit salué. Au lieu de cela, vous avez préféré soutenir l'acteur populaire plutôt que la victime inconnue, sacrifiée sur le champ de votre admiration pour cet 'immense acteur'", constate la tribune. "Que faites-vous de la présomption d'innocence des plaignantes? Une victime a tout à perdre à porter plainte, surtout quand le mis en cause est connu et puissant (...) Près de 98% des victimes disent vrai, devons-nous le rappeler?".

"Vous avez validé la culture du viol au plus haut sommet de l'État"

Le collectif de poursuivre ses reproches : "Aujourd'hui, ce sont vos paroles de président qui dénient aux plaignantes et à toutes les femmes victimes de violence le droit à être entendues et crues (...) Comment les victimes de Depardieu peuvent-elles désormais réagir quand le président de la République, qui incarne l'autorité de l'Etat, nie leur parole, leur présomption d'innocence, leur souffrance ? Comment la justice peut-elle faire son travail dans l'affaire Depardieu quand le président, pourtant garant de son indépendance, interfère de la sorte ?", s'interrogent les auteurs de cette tribune.

Outre les plaintes, l'acteur de 75 ans est visé par les témoignages de 13 femmes qui l'accusent, dans "Mediapart", d'avoir commis des violences sexuelles durant les tournages de films sortis entre 2004 et 2022. Gérard Depardieu nie fermement les accusations. Et les signataires de conclure : "Vous auriez pu entrer dans l'histoire comme le président ayant fait durablement avancer la cause des victimes de violences conjugales et de violences sexistes et sexuelles. A contrario, vous avez – par vos mots – validé la culture du viol au plus haut sommet de l'Etat.

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Cette tribune a été publié deux jours après un premier texte, relayé dans "Le Figaro" et dans lequel une cinquantaine d'artistes et d'acteurs dénoncent le traitement de l'affaire Gérard Depardieu après la diffusion de "Complément d'enquête". Ils y voient un "lynchage" médiatique.