Par Bruna Fernandez Journaliste
Née à l’époque des “Inconnus”, Bruna grandit entre le Brésil et la France. Enfant, elle enrichit son imaginaire devant le grand et le petit écran. Devenue journaliste, elle passe derrière la caméra et travaille pour plusieurs émissions. Un petit monde qu’elle se plaît à décortiquer pour puremedias.
Les présentateurs du groupe ont cassé le conducteur de leurs émissions respectives pour dénoncer la décision du Conseil d'État, qui a sommé l'autorité de régulation de l'audiovisuel de renforcer son contrôle sur la chaîne en continu de Vincent Bolloré.

Ce mardi 13 février, le Conseil d'État a sommé l''Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) de renforcer son contrôle sur la chaîne CNews, propriété du milliardaire conservateur Vincent Bolloré. Une décision qui fait suite à un recours de l'ONG Reporters sans frontières.

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"CNews ne cédera à aucune intimidation"

Une décision qui n'a pas manqué de faire réagir dans les rangs du groupe Canal+. "J'attends que le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France, ndlr) saisisse l'Arcom ou le Conseil d'État pour qu'ils regardent comment France Inter et France Télévisions traitent l'attaque du Hamas du 7 octobre", a déclaré Pascal Praud ce mardi 13 février 2024, dans son édito en ouverture de l'émission "L'heure des pros 2".

"Le succès de CNews irrite, dérange, bouscule les bien pensants. Depuis des années, une seule voix, la leur, dominait le PAF. CNews a ouvert les portes et les fenêtres aux courants, aux fenêtres et aux pensées venues de tous bords. CNews défend la liberté d'expression (...) CNews ne cédera à aucune intimidation, CNews ne subira aucune pression", a-t-il poursuivi.

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"CNews est une chaîne d'extrême droite qui ne dit pas son nom"

Une nouvelle fois, Pascal Praud a estimé que les personnalités politiques de gauche ne souhaitent pas s'exprimer au micro de CNews. "Comment je fais ? Ils refusent la conversation ! Vous m'accusez moi de [manque de] pluralisme, c'est eux qui ne veulent pas venir !" s'est-il vivement insurgé en direct face à Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Donc ne parlez pas de pluralisme s'il-vous-plaît, et ne donnez pas de leçon, et surtout pas à moi !" a-t-il poursuivi, visiblement énervé. puremedias.com vous propose de visionner la séquence dans la vidéo ci-dessus.

Invité sur le plateau de Sud Radio au micro de Jean-Jacques Bourdin ce mercredi, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a démenti les propos de l'animateur : "CNews est une chaine d'extrême droite qui ne dit pas son nom. Le minimum c'est de s'assumer. Je ne suis jamais invité sur CNews depuis des années, ni sur les chaines du groupe Bolloré !" a-t-il assuré.

"La liberté d'expression est en danger en France"

Autre star de la chaîne, Laurence Ferrari a également réagi. "Vivement qu'une telle attention soit portée sur tous les autres médias, y compris les chaînes publiques qui vivent grâce à votre argent, l'argent du contribuable" s'est-elle agacée dans son édito de l'émission "Punchline".

Dans "TPMP" sur C8 ce mardi soir, Cyril Hanouna a lui aussi tenu à défendre ses confrères, estimant que les Sages ne sont que "des donneurs de leçon". "La liberté d'expression s'arrête quand on n'est pas d'accord avec eux. Si vous n'êtes pas dans les rails, forcément ils essayent de vous trouver des poux dans la tête et de vous mettre de côté", s'est-il insurgé en direct dans un monologue face à chroniqueurs. Selon lui, "ce qui dérange, c'est le succès de C8 et CNews" qu'il estime "devenir la première chaîne d'information" en raison de ses audiences rapprochées avec celles de BFMTV.

"Donc ça veut dire qu'ils insultent le public. Comme la plupart des institutions, la plupart des donneurs de leçons, ils n'aiment pas qu'on ne pense pas comme eux. (...) C'est une décision de dictature de la pensée. Quand on voit ça, la liberté d'expression est en danger en France." poursuit l'animateur. "Ce sont les autres chaînes aussi qui font les lobbyings, c'est le groupe France Télévisions, TF1 peut-être le groupe M6 qui veulent tuer les deux chaînes pour récupérer les talents comme Jean-Marc Morandini , Pascal Praud, Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk ", conclut-il.

Une analyse affinée du pluralisme et de l'indépendance

Que dit le Conseil d'État ? Les membres de la plus haute autorité juridique française ont "enjoint l'Arcom de réexaminer dans un délai de six mois le respect par la chaîne Cnews de ses obligations en matière de pluralisme et d'indépendance de l'information", selon un communiqué. Critiquée pour sa ligne éditoriale conservatrice, la chaîne est également régulièrement sanctionnée par l'Arcom.

Cette injonction s'accompagne d'un changement de paradigme. La plus haute juridiction administrative du pays considère en effet que "pour apprécier le respect par une chaîne de télévision, quelle qu'elle soit, du pluralisme de l'information, l'Arcom doit prendre en compte la diversité des courants de pensée et d'opinions représentés par l'ensemble des participants aux programmes diffusés, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités, et pas uniquement le temps d'intervention des personnalités politiques".

Et concernant l'indépendance de l'information, celle-ci ne doit pas seulement s'apprécier "au regard d'extraits d'une émission spécifique mais aussi à l'échelle de l'ensemble des conditions de fonctionnement de la chaîne et des caractéristiques de sa programmation", a ajouté le Conseil d'État."