Par Maxime Fettweis Journaliste
Né en Belgique en septembre 1995, Maxime Fettweis a grandi avec l'arrivée de la "Star Academy", de "Koh-Lanta" ou encore de "Secret Story" sur le petit écran. Devenu journaliste, il se passionne de ce que disent les succès télévisuels de notre société et comment ils sont conçus en coulisse. Il a rejoint Puremédias en juin 2023.
Bande-annonce de 'J'accuse' © Guy Ferrandis
"Pas de censure des oeuvres mais pas de célébration des talents", s'est défendu France Télévisions, qui programme le film "J'accuse" de Roman Polanski ce dimanche 25 juin 2023 à 21h10.

Soirée cinéma sur France 2. Ce dimanche 25 juin 2023, la chaîne publique diffusera le film "J'accuse", réalisé par Roman Polanski. Porté par Jean Dujardin et Louis Garrel, le long-métrage sorti en salles en 2019 avait reçu trois Césars parmi ses douze nominations à la cérémonie de récompenses du cinéma en 2020. La remise du prix du meilleur réalisateur au cinéaste de 89 ans avait engendré la vive réaction de l'actrice Adèle Haenel, quittant la salle en pleine cérémonie.

Ce choix de programmation, officialisé le mardi 6 juin 2023, a sans surprise fait réagir sur les réseaux sociaux. Tandis que certains internautes s'étonnent que le film soit diffusé sur France Télévisions, qui l'a co-produit, d'autres s'étonnent de sa programmation si tardive.

Face à ces réactions, Manuel Alduy, directeur du cinéma et des fictions jeunes adultes et internationales de l'audiovisuel public, s'est défendu d'une remarque évoquant la "honte" du groupe de diffuser le film malgré les nombreuses accusations de viol à l'encontre du réalisateur. "On suit une ligne déjà explicitée, sans rapport avec la honte", détaille-t-il. "Pas de censure des oeuvres mais pas de célébration des talents problématiques." Le même raisonnement avait été avancé au sujet des films de Gérard Depardieu, mis en examen pour viol et accusé de violences sexuelles par treize femmes dans une récente enquête de "Mediapart".

"Sans 'J'accuse', je serais restée dans mon silence"

Poursuivi depuis 1977 aux États-Unis pour le viol de Samantha Gailey, une adolescente de 13 ans, le cinéaste est accablé par les témoignages - parfois anonymes - de onze autres femmes. Le dernier en date est celui de la photographe française Valentine Monnier. Elle avait dévoilé un texte au "Parisien" dans lequel elle accusait le réalisateur de "J'accuse" de l'avoir violée en 1975.

La Française avait justifié son témoignage par la promotion autour du film racontant l'histoire du capitaine Dreyfus condamné à tort en 1894 pour avoir livré des documents secrets à l'Allemagne, sur fond d'antisémitisme. "Sans 'J'accuse', je serais restée dans mon silence, comme je le fais depuis quarante-quatre ans", confiait alors la photographe. Le personnage historique sur lequel est basé le long-métrage a été gracié en 1899 - après, notamment, une tribune d'Émile Zola intitulée "J'accuse" d'où le film tire son titre -, puis innocenté et réhabilité en 1906.

Les premières accusations en 1977

Les premières accusations à l'encontre de Roman Polanski datent de 1977, lorsqu'il a été accusé d'avoir drogué et violé Samantha Gailey, une jeune fille de 13 ans, lors d'un reportage photo à Hollywood.

Inculpé notamment pour viol, il a reconnu avoir eu des relations illégales avec une mineure. En échange de ces aveux, le juge a abandonné les poursuites pour viol avec fourniture et consommation de drogue. Il a été condamné à trois mois de prison mais n'y a passé que 42 jours, avant d'être libéré pour bonne conduite.

Le juge a ensuite fait volte-face, estimant la sentence insuffisante. Roman Polanski, risque la peine maximum. Pour ne par courir ce risque, il a quitté les États-Unis le 31 janvier 1978. Il est depuis ce jour sur le coup d'un mandat d'arrêt international. Au fil des décennies, plusieurs autres femmes ont porté plainte contre le cinéaste.