Par Ludovic Galtier Lloret Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" - "Oh-ohohohoh" - et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
Quatre groupes parlementaires, comprenant la majorité ainsi que la Nupes, s'uniront, ce mercredi 19 juillet 2023, pour présenter une proposition de loi accordant un droit de regard aux journalistes sur la nomination des directeurs de rédaction.

Et si de la grève de la rédaction du "JDD" accouchait une loi ? Le pouvoir législatif prouve en tout cas qu'il s'est saisi du dossier. La députée Sophie Taillé-Polian, issue des rangs de Génération.s, a convaincu ses collègues de l'opposition et de la majorité de s'unir derrière un texte visant à protéger la liberté éditoriale des médias sollicitant des aides de l'État, selon un communiqué diffusé lundi 17 juillet.

Le texte comporte plusieurs "mesures pour la protection du pluralisme dans les médias et de l'indépendance du service public de l'audiovisuel public", est-il indiqué. L'une d'elles vise particulièrement à donner aux journalistes un droit de regard sur les nominations de patrons de rédactions, a révélé "Chez Pol", la newsletter de "Libération", ce lundi 17 juillet 2023.

"Un droit d'agrément des journalistes sur la nomination de leur directeur de la rédaction"

La députée du Val-de-Marne présentera cette proposition de loi, ce mercredi 19 juillet 2023, sur la base d'un "deal". Elle vise en effet à renforcer l'indépendance des médias en "conditionnant les aides à la presse" mais aussi "l'octroi de canaux TNT et de fréquences radio" à "la mise en place d'un droit d'agrément des journalistes sur la nomination de leur directeur ou directrice de rédaction". De cette façon, une rédaction pourrait mettre son veto à la nomination d'un profil désigné par l'actionnaire du titre de presse.

Un texte qui fait bien sûr écho à l'actualité. "La situation du 'JDD' n'est pas isolée, les atteintes à l'indépendance des médias se multiplient. Dans ce difficile arbitrage entre liberté d'entreprendre et liberté de la presse, le régulateur doit jouer un rôle et prévenir les situations où la première prend le pas sur la seconde", écrivent dans un communiqué les députés signataires issus des groupes Nupes, Renaissance, Modem et Liot. Les Républicains et le Rassemblement national n'ont pas été invités à prendre part à cette initiative. L'examen du texte pourrait avoir lieu à la rentrée.

Le "JDD" absent des kiosques pour le quatrième dimanche consécutif

Le 22 juin 2023, la rédaction de l'hebdomadaire dominical entamait un mouvement social pour protester contre la nomination de Geoffroy Lejeune à la direction de la rédaction. Elle demande à sa direction de renoncer à sa décision.

Officiellement, le groupe Lagardère est à l'origine du transfert du journaliste de "Valeurs actuelles" et nie toute implication du groupe Vivendi de Vincent Bolloré dans cette décision. Ce dernier, déjà propriétaire des médias du groupe Canal+, a pourtant été autorisé sous conditions par Bruxelles en juin 2023 à prendre sous son aile les médias du groupe Lagardère, Europe 1, "Paris Match" et... le "JDD", qui n'est pas paru ce 16 juillet 2023, pour le quatrième dimanche consécutif. La grève court au moins jusqu'à ce mardi 18 juillet 2023.

L'exécutif, de son côté, réagit peu à peu à une crise qui dure. Alors que seuls deux ministres, Rima Abdul Malak à la Culture et Pap Ndiaye à l'Éducation nationale, s'étaient inquiétés d'un changement de ligne éditoriale du titre, Emmanuel Macron a acté pour septembre la date de lancement des États généraux de l'information, l'une de ses promesses de campagne.