Par Bruna Fernandez Journaliste
Née à l’époque des “Inconnus”, Bruna grandit entre le Brésil et la France. Enfant, elle enrichit son imaginaire devant le grand et le petit écran. Devenue journaliste, elle passe derrière la caméra et travaille pour plusieurs émissions. Un petit monde qu’elle se plaît à décortiquer pour puremedias.
Écarté de ses fonctions, Aurélien Viers retrouve son poste dès ce lundi. En grève depuis vendredi pour dénoncer son renvoi, les journalistes du quotidien régional maintiennent le rassemblement prévu devant les locaux du journal à Marseille.

La fronde a fait son effet. Aurélien Viers, directeur de la rédaction de "La Provence" réintègre ses fonctions ce lundi 25 mars. "La direction de 'La Provence' est satisfaite d'annoncer un accord avec Aurélien Viers, directeur de la rédaction" dont le "retrait de la mise à pied (...) a été décidé après une réunion de travail avec Gabriel d'Harcourt, directeur général", a annoncé le journal ce dimanche dans un communiqué. Vendredi, les journalistes de la rédaction avaient entamé une grève illimitée suite à sa mise à pied. Un renvoi décidé par Rodolphe Saadé, propriétaire du journal local marseillais. En cause : la Une du quotidien régional datant du 21 mars, faisant référence à la visite éclair d'Emmanuel Macron dans le quartier de La Castellane, à Marseille.

Une "erreur dans la composition de la Une"

"Il est parti et nous, on est toujours là..." pouvait-on lire en Une de le "Provence", relayant la déception des habitants du quartier, alors que le président a promis la mise en place d'un plan contre le trafic de drogue, surnommée l'opération "place nette XXL". En photo, deux habitants de la cité, et au fond, au second plan, une policière. Un choix jugé "ambigu" par les propriétaires du journal, qui regrettent une "erreur dans la composition de la Une". "Certains lecteurs ayant cru que cette citation provenait de narcotrafiquants. Elle est à l'origine du rappel à l'ordre du directeur de la rédaction", explique la direction du journal dans un communiqué.

Dénonçant une "ingérence éditoriale inadmissible", les journalistes de la rédaction maintiennent cependant un rassemblement prévu ce lundi matin devant les locaux du journal à Marseille pour "décider de la suite à donner au mouvement" écrivent les organisations syndicales de "La Provence" dans leur communiqué. "De nombreuses questions restent en suspens", ajoute le communiqué, assurant "qu'aucune faute journalistique et déontologique (n'a) été commise". "Nous rappelons que la Une invoquée pour la mise à pied n'était pas problématique", a martelé de son côté un élu du Syndicat national des journalistes (SNJ) auprès de l'AFP.

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Les sociétés des journalistes de BFM et RMC ont également appelé à un "rassemblement symbolique" ce lundi dans les rédactions, contre ce qu'ils estiment être des "décisions scandaleuses". Une contestation en soutien à leurs confrères qui s'organise alors que Rodolphe Saadé finalise le rachat d'Altice Media, maison mère de la chaîne d'infos et de sa radio associée, aux mains de Patrick Drahi. Le 19 mars dernier, lors du CSE d'Altice Media, le milliardaire avait promis de ne pas intervenir dans les choix éditoriaux des médias sous sa houlette. "Cet engagement aura duré 48 heures", ont dénoncé les syndicats BFM et RMC dans un communiqué commun. Jugé proche du président Emmanuel Macron, Rodolphe Saadé a repris le groupe "La Provence" (qui compte également "Corse Matin") en 2022, s'est offert "La Tribune" en 2023, et compte une participation dans M6.

Mise à jour (25/03/2024 15h50) : Selon franceinfo, les journalistes de "La Provence" ont voté la fin de la grève.