Par Laura Bruneau Journaliste
Laura Bruneau se passionne très tôt pour le petit écran et c’est devant Des Chiffres et Des Lettres qu’elle apprend à lire. La fièvre des jeux ne la quitte plus : plus tard elle participe à Slam ou Questions pour un Champion. Elle aime aussi les séries - les franchises de Dick Wolf, voyageant jusqu’à Chicago sur les traces de Chicago Fire.
Canal+ lance, ce lundi 18 mars, sa nouvelle création originale, la série "La Fièvre". Entre football, politique et opinion, cette fiction, qui en dit long sur notre époque, nous tient en haleine.

En 1995, NTM chantait "La Fièvre", premier gros succès commercial du groupe. En 2024, "La Fièvre", c'est le nom de la nouvelle série d'Eric Benzekri (créateur de "Baron Noir") diffusée à partir de ce lundi 18 mars sur Canal+. Une fiction dramatique de haute volée, en 6 épisodes, qui raconte la fièvre, cet emballement des médias, des réseaux sociaux, qui peut vite devenir incontrôlable et dangereux.

Dans les arcanes de la communication de crise

Avec "Dix pour cent", sur France 2, il y a quelques années, le grand public découvrait le métier d'agent de star de cinéma. Avec "La Fièvre", il va percer les secrets des spin-doctors, ces cracks de la communication - de crise. La télé américaine avait déjà sa papesse fictionnelle de la communication politique de crise, Olivia Pope (incarnée par Kerry Washington), dans la série "Scandal" (diffusée sur M6). En France, ces as de la com sont nés sous la plume d'Eric Benzekri, qui a travaillé en politique aux côtés de Jean-Luc Mélenchon ou encore Julien Dray, à l'origine de la série sur fond de politique avec Kad Merad, "Baron Noir".

Dans "La Fièvre", Eric Benzekri met une bonne dose de politique. Mais pas seulement. Le football, sport populaire par excellence, et l'opinion, sont aussi au coeur de la série. Pour la réalisation, Benzekri a fait appel au Libanais Ziad Doueiri, déjà réalisateur de "Baron Noir" et surtout du long-métrage "L'insulte" en 2018. Drame dans lequel tout partait déjà d'une insulte. Car dans "La Fièvre", le point de départ c'est bien cette insulte, "sale toubab", assénée par un footballeur professionnel à son entraîneur, suivie d'un coup de tête. Tout cela en public, devant les caméras qui n'en perdent pas une miette. En quelques minutes à peine la machine est lancée.

Ce désaccord entre un joueur et son coach, a priori sur le plan sportif, cristallise toutes les attentions et les suites à donner à cette affaire divisent l'opinion. C'est l'emballement, la politique s'en mêle, la récupération guette. Dans "La Fièvre", série coproduite par Eric Toledano et Olivier Nakache, il y a deux papesses de la com. D'un côté Sam Berger, incarnée parNina Meurisse, qui montre rapidement ses failles, et dont le psy est joué par Gustave Kervern. Elle est à la tête de l'agence de communication Kairos. Avec tous ses experts, cette entreprise rappelle la TAC, société de Jason Bull, analyste du comportement et expert en procès, dans la série "Bull". En face, Ana Girardot, très convaincante, prête ses traits à une stand-uppeuse d'extrême droite, très suivie, et qui semble vouloir aussi tirer parti de cette affaire.

Portée par un casting juste et très ancrée dans notre époque, "La Fièvre" montre une politique fiction qui pourrait devenir réalité. Canal+ en diffuse ce 18 mars les deux premiers épisodes. La scène de fin du deuxième entre la poésie de "Dans les yeux d'Emilie" de Joe Dassin et la violence d'une action, est saisissante et ne peut que nous donner envie de voir la suite. Dès la semaine prochaine, la chaîne passe au rythme de seulement un épisode inédit par semaine.