Par Maxime Fettweis Journaliste
Né en Belgique en septembre 1995, Maxime Fettweis a grandi avec l'arrivée de la "Star Academy", de "Koh-Lanta" ou encore de "Secret Story" sur le petit écran. Devenu journaliste, il se passionne de ce que disent les succès télévisuels de notre société et comment ils sont conçus en coulisse. Il a rejoint Puremédias en juin 2023.
L'éditorialiste est revenue ce lundi 22 janvier sur le mouvement qu'elle qualifie de "cancel culture" de l'auteur de "La panthère des neiges" dont elle estime le "niveau de langage et de poésie inégalable".

Sylvain Tesson sera-t-il bel et bien le parrain du Printemps des poètes ? Épinglé dans une tribune signée par 1.200 poètes dans "Libération", l'auteur de 51 ans a été choisi pour être le visage de l'édition 2024 de l'événement organisé en mars pour faire la promotion de la poésie partout en France. "Nous alertons sur le fait que la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des poètes 2024, loin d'être contingente, vient renforcer la banalisation et la normalisation de l'extrême droite dans les sphères politique, culturelle, et dans l'ensemble de la société", écrivent-ils. Un positionnement qui fait visiblement bondir l'éditorialiste de RTL, Alba Ventura, qui y a consacré l'une de ses chroniques quotidiennes ce lundi 22 janvier 2024.

Alba Ventura dénonce un "tribunal des poètes"

"Moi je dis 10 fois, je dis 100 fois, je dis 1.000 fois oui à Sylvain Tesson à la tête de ce Printemps des poètes", a-t-elle débuté au micro de la radio aux bonnettes rouges. Elle qualifie la manoeuvre du millier d'artistes signataires de "tribunal des poètes qui non seulement sont inconnus au bataillon mais qui sont dans l'erreur, voire le mensonge". Parmi les signataires, on retrouve néanmoins certains noms bien connus des lecteurs tels que Baptiste Beaulieu ou Fatima Daas.

"Vous savez que dans leur tribune, ils accusent Sylvain Tesson d'avoir préfacé un livre de Jean Raspail, auteur référence de l'extrême droite, sur l'immigration. Sauf qu'ils se sont trompés d'ouvrage, c'est un livre sur la Patagonie que Tesson a préfacé", poursuit-elle. Alors que les auteurs de la tribune évoquent "Le camp des saints", c'est "Là-bas, au loin, si loin", que dont Sylvain Tesson signe la préface. "Alors je cite souvent ce proverbe africain que j'adore : 'Quand on monte au cocotier, il faut avoir les fesses propres'. Ecoutez, ce n'est ni de la littérature, ni de la poésie mais je crois que tout le monde comprend le message", torpille Alba Ventura.

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"Je trouve ça inquiétant ce repli communautaire de gauche"

Elle se positionne ensuite en fervente défenseuse de l'oeuvre du romancier. "Si vous n'avez pas lu Sylvain Tesson, courrez-y. Tesson c'est un hymne à la nature, il faut le lire décrire le beau, décrire le merveilleux comme dans son dernier récits de voyage avec les fées, il faut lire 'La panthère des neiges' pour lequel il a eu le prix Renaudot, pour comprendre ce qu'est la contemplation, pour toucher la grâce. Tesson est un auteur qui possède un niveau de langage et de poésie inégalable". Si Alba Ventura défend les qualités d'écriture de Sylvain Tesson, la tribune dénonce avant tout les prises de position récentes de l'auteur qui banalisent "une idéologie réactionnaire", écrivent-ils et elles.

Selon l'éditorialiste de RTL, refuser Sylvain Tesson comme parrain de l'événement serait comme dire "'Non pas Balzac', 'Non pas Baudelaire' ou 'Non pas Flaubert' parce qu'ils ont été des auteurs bourgeois réactionnaires". "Il aurait fallu dire non à Saint John Perse, diplomate au temps d'Hitler et oui à Aragon parce qu'il était communiste ? Aragon était un très grand poète mais il aurait été dommage de se priver de tous les autres. Et puis permettez-moi, si la culture n'est pas de gauche, elle ne peut pas exister ? Le seul bon poète serait de gauche ? Moi je trouve ça inquiétant. Inquiétant ce repli communautaire de gauche, inquiétants ces gens qui ne supportent que ce qui leur ressemble", s'indigne-t-elle encore.

Pour qualifier la tribune, la journaliste reprend le concept de "cancel culture" ou "culture de l'effacement" en français, né outre-Atlantique. "Mais vous savez, même aux Etats-Unis, d'où ce mouvement est parti, on est en train de revenir sur ces injonctions. J'ai en tête le patron de Walt Disney qui disait récemment 'Nous on est là pour faire rêver les gens, pas pour faire passer des messages'. On ne construit pas l'avenir en effaçant le passé ou par sectarisme, en décrétant qui a le droit de s'exprimer ou pas, quel film ou quel roman a le droit de cité. Le 'grand effacement', pour moi, ça ne peut pas être un programme culturel", conclut-elle. Puremedias.com vous propose de revisionner la séquence dans la vidéo ci-dessus.