Par Bruna Fernandez Journaliste
Née à l’époque des “Inconnus”, Bruna grandit entre le Brésil et la France. Enfant, elle enrichit son imaginaire devant le grand et le petit écran. Devenue journaliste, elle passe derrière la caméra et travaille pour plusieurs émissions. Un petit monde qu’elle se plaît à décortiquer pour puremedias.
La ministre de la culture a réagi sur Franceinfo aux propos obscènes tenus par l'acteur dans des images révélées par le magazine de France 2.

Le gouvernement peut-il changer la donne ? Interrogée sur Franceinfo ce mercredi 13 décembre 2023, la ministre de la Culture en personne est revenue sur le numéro de "Complément d'enquête" consacré à Gérard Depardieu diffusé jeudi dernier sur M6. "Ce qui m'a choquée ce sont les propos qu'on voit dans ce reportage tenus par Gérard Depardieu, explique Rima Abdul-Malak. Ils sont dits sur le ton de la blague et de la provocation alors qu'ils sont extrêmement graves. Ils sont d'une violence terrible, qui sont contraires à la dignité même de l'être humain et au respect des femmes et des enfants."

"Tu vas penser à moi, sa petite chatte"

Dans ce numéro du magazine présenté par Tristan Waleckx, une séquence tournée par Yann Moix en Corée du Nord avait particulièrement choqué les téléspectateurs. On pouvait y entendre l'acteur proférer à plusieurs reprises des propos obscènes et misogynes, jusqu'à sexualiser une petite fille âgée d'une dizaine d'années. À plusieurs reprises, on peut notamment le voir s'adresser à l'interprète - une femme - qui l'accompagne durant sa visite : "Tu vas prendre une belle douche, tu vas penser à moi, sa petite chatte", lui dit-il, entre autres "plaisanteries" grivoises.

Le reportage du magazine de France 2 a suscité de nombreuses réactions dans le cinéma français, certains soutenant l'acteur, d'autres en condamnant ses propos et actions. Le réalisateur français Fabien Onteniente, qui a tourné avec Depardieu le film "Disco" et "Turf" a assuré ne plus vouloir travailler avec le comédien.

"Soyons concrets, agissons !"

Pour la ministre de la Culture, il faut cependant respecter les choix des artistes. "On est un pays de liberté d'expression et de création. S'ils souhaitent proposer des rôles à Gérard Depardieu, libre à eux" a-t-elle assuré sur Franceinfo. Rima Abdul-Malak a également évoqué ses mesures pour "empêcher le harcèlement et les violences sexuelles et sexistes notamment sur les tournages de film". "Depuis plusieurs années on s'est mobilisés sur ces questions et on a mis une conditionnalité aux aides du CNC à l'obligation de former les équipes des films", a-t-elle assuré.

"On a un enjeu énorme de formation, de sensibilisation en tant que ministère de la Culture, et c'est notre rôle de le porter avec le Centre national du cinéma", a-t-elle encore rappelé, avant de conclure : "soyons concrets, agissons !".

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Le tournage controversé en Corée du Nord avait été organisé par l'écrivain Yann Moix, en vue d'un long-métrage qui n'a jamais vu le jour. Un tournage qui se serait déroulé après une plainte contre Gérard Depardieu en août 2018. En 2020, l'acteur a été mis en examen pour viols et agressions sexuelles à la suite de cette plainte déposée par la jeune comédienne Charlotte Arnould.

La veille de la diffusion de l'épisode de "Complément d'enquête", il a été révélé que l'actrice Hélène Darras avait porté plainte le 10 septembre contre l'acteur de 74 ans, qu'elle accuse d'agression sexuelle en 2007 lors du tournage du film "Disco". Par ailleurs, dans une enquête publiée par Mediapart le 11 avril dernier, treize femmes accusent la star du cinéma de violences sexuelles.