Par Laura Bruneau Journaliste
Laura Bruneau se passionne très tôt pour le petit écran et c’est devant Des Chiffres et Des Lettres qu’elle apprend à lire. La fièvre des jeux ne la quitte plus : plus tard elle participe à Slam ou Questions pour un Champion. Elle aime aussi les séries - les franchises de Dick Wolf, voyageant jusqu’à Chicago sur les traces de Chicago Fire.
Fabrice Fries, PDG de l'AFP, dans 'Quotidien', le 10 avril 2014
Invité de "Quotidien" sur TMC, le patron de l'AFP a notamment expliqué pourquoi l'agence ne qualifiait pas le Hamas de "terroriste".

Fabrice Fries, le président-directeur général de l'AFP, était l'invité de "Quotidien" ce 10 avril. Dans le talk-show de TMC il a parlé journalisme, fabrication de l'information mais aussi sémantique.

Assez rapidement Yann Barthès lui demande : "Vous vous êtes déjà beaucoup exprimé sur le sujet, mais expliquez-nous, ce qui est difficile à comprendre, pourquoi vous ne qualifiez pas le Hamas de groupe terroriste ?"

Une polémique à l'automne

Fabrice Fries se lance alors dans une longue explication : "Ça a été au coeur d'une polémique à l'automne dernier [...] ça fait 20 ans que cette consigne a été passée, au lendemain des attentats du 11 septembre, la rédaction a considéré que l'usage de ce mot était éculé, que le mot était surutilisé [...] Quand on parle du Hamas, on parle d'un mouvement islamiste palestinien doté d'une branche armée. quand on dit qu'il est un mouvement terroriste, c'est pas nous qui le qualifions, on le met entre guillemets et on dit qualifié de terroriste par l'Union Européenne, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Israël..."

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Le présentateur de "Quotidien" insiste : "Vous ne qualifiez jamais ?" "Non. On estime, dans le cas présent, ce mot a été utilisé à toutes les sauces..." commence alors Fabrice Fries coupé pas Jean-Michel Apathie : "Daesh, vous le qualifiez de terroriste ?"

"Daesh, on dit que c'est un mouvement islamiste" poursuit Fabrice Fries, de nouveau coupé par Jean-Michel Apathie : " Terroriste ?"

"Non, quand il y a eu les attentats de Moscou..." tente alors Fabrice Fries, une nouvelle fois coupé par le journaliste politique : "Est-ce qu'il y a un mouvement que vous qualifiez de terroriste ?"

"Ni Daesh, ni Boko Haram, personne [...] C'est une règle qu'on applique à tous, aussi horribles soient-ils. On se l'applique à nous-mêmes. Il y a eu des journalistes qui ont été tués dans des attentats que moi comme citoyen j'appellerais terroriste, mais l'AFP ne les a pas qualifiés d'attentats terroristes. On a dit des poseurs de bombes..."

Fabrice Fries poursuit sur le rôle de l'agence de presse : "Elle se doit d'être précise dans ce qu'elle donne aux médias, après aux médias d'en faire ce qu'ils veulent. Les médias attendent des agences d'être extrêmement précises sur les sources. Le Hamas n'est pas considéré comme terroriste partout dans le monde donc on doit être extrêmement précis sur l'attribution."

"Et, au passage, toutes les grandes agences font la même chose. Pourquoi ? Parce qu'elles ont le même métier" a conclu le PDG de l'AFP.