Par Florian Guadalupe Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
Les directions de France Télévisions et Radio France ont nommé Jean-Philippe Baille pour diriger un nouveau projet de rapprochement entre les trois entités de franceinfo.

Des rapprochements au goût de début de fusion. Dans un communiqué commun, Radio France et France Télévisions ont annoncé la nomination de directeurs de projet pour la marque franceinfo (TV, radio, plateforme) et le rapprochement entre France 3 et France Bleu. Pour rappel, la ministre de la Culture, Rachida Dati, peu de temps après sa nomination, avait annoncé sa volonté d'une gouvernance commune entre les deux principaux groupes audiovisuels du service public. Un chantier de fusion déjà engagé sous la présidence d'Emmanuel Macron, mais arrêté lors de la crise sanitaire en 2020.

"Un rapprochement au sein d'un même lieu"

Ainsi, Delphine Ernotte-Cunci et Sibyle Veil ont décidé de nommer Jean-Philippe Baille, déjà directeur de l'information à Radio France, afin de préparer l'intégration des canaux radio, télé et numérique au sein de franceinfo. L'ancien salarié de RTL compte "s'appuyer sur une offre renouvelée qu'il appartiendra aux sociétés de définir pour proposer une ligne éditoriale cohérente et plus attractive". Il a également pour mis de "faire progresser l'audience du canal 27", "en lien avec la direction de l'information de France Télévisions". Pour rappel, le canal 27 porte toujours le bonnet d'âne des chaînes infos avec, au mois de mars 2024, une mauvaise part d'audience - en baisse sur un an - de 0,7% de l'ensemble du public, selon Médiamétrie.

Jean-Philippe Baille devra aussi "enrichir l'offre numérique franceinfo", "notamment s'agissant des contenus de lutte contre la désinformation destinés à être diffusés sur les réseaux sociaux", et "développer les coopérations opérationnelles entre les rédactions", "notamment en vue de leur rapprochement au sein d'un même lieu".

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France Télévisions et Radio France désigne par ailleurs Xavier Riboulet pour approfondir les rapprochements des réseaux France 3 et France Bleu. Il aura pour mission de "déployer la marque ici sur les antennes de France 3 et de France Bleu à compter de la rentrée 2024", "parachever l'offre numérique partagée de proximité avec le lancement du site internet commun en septembre 2024" et "définir une stratégie de coopération éditoriale". Xavier Riboulet compte aussi "mettre en place un projet d'organisation commune de France 3 et France Bleu à l'échelle territoriale via une organisation locale renouvelée, un projet éditorial commun dans le respect de chaque média", "un schéma de rapprochement immobilier" et "une réflexion sur la mise en place de synergies opérationnelles".

"Un pas de plus vers une 'newsroom', une rédaction sans identité"

Une nouvelle stratégie qui a irrité le Syndicat national des journalistes de Radio France qui dénonce "une offensive inédite en vue d'accélérer les rapprochements avec France Télévisions". Selon le SNJ, les missions des deux nouveaux directeurs posent "un énorme problème". "Radio France serait d'ailleurs déjà en train de chercher des espaces pour accueillir ces nouveaux venus. Il est aussi question de partager des chroniqueurs entre les antennes radio et télévision. Le changement est radical, alors qu'il y a encore quelques semaines, France Télévisions contraignait franceinfo (la radio) à abandonner le projet de petite matinale filmée en refusant d'en assumer les coûts", a écrit le syndicat.

"Pour le SNJ, ce plan est inacceptable, car il signifie le début de la fin pour Radio France, un pas de plus vers l'absorption de la radio et sa progressive disparition au profit de la télévision. Un pas de plus vers une 'newsroom', une rédaction sans identité, ce que le SNJ a toujours combattu et combattra toujours", poursuivent les syndicalistes. Et d'ajouter : "Mais en espérant plaire aux politiques qui semblent fantasmer sur la création d'une nouvelle ORTF, la Direction prend le risque d'affaiblir nos antennes de service public. Nos auditeurs méritent plus de constance et de respect".